Naissance d'un projet
Tempête dans les cerveaux
Nous avons réfléchi à la meilleure façon de mettre en scène les fables. Ainsi, nous avons laissé naître un personnage qui, grâce aux fables, médite sur le sens à donner à son comportement.
Ce personnage découvre que la nature humaine est un cheminement parfois chaotique en raison des obstacles que nous rencontrons et dont nous sommes parfois la seule cause. Face à cette misère intérieure qui l'accompagne, il apprend à découvrir le cœur humain dans ses contradictions, et à l'accepter grâce cette grande force qui est au cœur de chaque être humain : l'amour reçu et le don de soi qu'on appelle simplement AMOUR. A sa découverte, il est emporté vers de nouveaux chemins.Nous avons voulu mettre à l'unisson trois arts pour exprimer, avec force, la tension de l'homme dans la réalisation de ses désirs qui, souvent, le guident dans la quête du bonheur. C'est ainsi que Littérature, Danse et Musique s'associent dans un même tourbillon autour de la passionnante question de notre condition humaine et de la quête du bonheur.
Les thèmes soulevés par les fables reflètent la difficulté d'accomplir l'aspiration à être un homme libre : Ainsi, c'est par l'avarice qu'il répond à l'appel à la générosité ; par lâcheté et par les exigences sociales qu'il lui arrive de trahir l'amour ; par désespoir d'être heureux qu'il appelle la mort…
Un mot
Il est un mot que l'on ne prononce jamais au théâtre et pourtant, je vais vous le faire prononcer.
Pourquoi ? me direz-vous.
Tout simplement pour expliquer. Car toute idée a un départ. Pour vous expliquer, dis-je, que le spectacle "Eh bien! dansez maintenant..." est né à Cordes-sur-Ciel.
Et voilà, vous l'avez dit, pour ma part, je n'ai fait que l'écrire.
Il y donc dans ce petit village du Tarn qui grimpe vers les nuages comme son nom l'indique, une maison d'édition dirigée par un amoureux des beaux livres et passionné de La Fontaine... Un jour du mois d'août, j'ai franchi la porte de ce musée de la lettre et de l'image et après quelques instants, me voici installé dans un salon tout au fond du magasin, en face d'un personnage tout aussi fascinant que les livres qu'il édite. Au départ, il n'était question que de l'achat d'un livre. Puis les heures durant, me voici entraîné malgré moi, mais avec un grand plaisir, dans l'univers de La Fontaine. Et c'est ainsi que la magie de la mémoire a fait ressurgir du passé cette étude lointaine et fort tristement oubliée des fables de ma sixième.
Déjà à ce moment, le sujet de mon ballet se faufilait dans les méandres de notre discussion car, toute cette écriture riche de morale et d'enseignement, si forte de comparaisons, décrit presque avec arrogance, tous les travers de nos égarements d'humains. Cette purification recherchée d'une première étape de vie par une sorte de confession universelle: quelle richesse et, même s'il y a au départ beaucoup d'inspirations, en relisant La Fontaine, on y voit parfois plus clair, souvent avec une certaine inquiétude car, chacun a sa fable.
Et, c'est ainsi qu'à la fin de cet échange avec l'éditeur, fervent défenseur de Monsieur de La Fontaine, je m'apprêtais à franchir le pas de la porte, mon livre en main "Voilà une belle idée de spectacle... " me lança-t-il, tel un défi. Je m'entends encore lui répondre: "c'est certain ". Je crois que dans un pareil instant, La Fontaine aurait pu dire : "Il faut rendre à César ce qui est à César "
Je voudrais donc que l'on sache que la naissance de ce spectacle avait pris corps tout là-haut, dans un joli village, Cordes-sur-ciel.
Erick Margouet